Le français est une langue merveilleuse. Mais attention à bien la maîtriser pour se faire comprendre. Pour cela, il n’y a pas de mystère, il s’agit, entre autres, de connaître la bonne définition du vocabulaire employé.
EXEMPLE
La Tribune publiait en juillet 2015 un article intitulé :
le digital n’épargnera personne !
(Les twittos surfeurs observeront d’ailleurs que la phrase utilisée dans la balise meta pour le SEO, contient, à la place, le terme « numérique ».)
Mais ici, c’est le verbe « épargner » qui questionne.
SIGNIFICATIONS
1. Mettre de l’argent de côté.
2. Empêcher quelqu’un de subir quelque chose, épargner quelque chose à quelqu’un. Cette notion d’épargne sous-entend une économie de problèmes. Ici, on n’épargne « personne ». Formulé autrement, cela dit donc que personne ne sera « épargné » par la vague du digital, dans le sens de la subir…
Nonobstant le fait que l’ère du numérique a bien envahi nos vies et va continuer fortement à le faire, le sens de la phrase, en utilisant ce verbe, induit que l’idée du digital est négative, et uniquement négative. Alors que l’article décrit les aspects aussi bien négatifs que positifs de cette « révolution ».
Le titre, tel qu’il est formulé, fait peur. Est-ce intentionnel ? Ce n’est même pas certain. Néanmoins, le verbe utilisé provoque inconsciemment une crainte de type « qu’est-ce qu’il va nous tomber sur la tête ». À la lecture de l’article, on relativise, en restant sur sa faim.
Pour ce titre de forme grammaticale négative, un choix plus positif aurait été par exemple : « Le digital touchera tout le monde ! » ou « Le digital va toucher tout le monde ! »
Ce sens, plus juste, ôte de surcroît l’ambiguïté puisque cela peut toucher aussi bien négativement que positivement.
Bon « sens », mais c’est bien sûr !
Vous allez me dire – si, si, je vous entends derrière l’écran – : « Oui, mais tu joues sur les mots là ». Vous allez avancer l’argument du manque de temps pour vérifier… C’est vrai, chercher le mot juste demande un peu plus de mobilisation. Encore faut-il penser à se poser la question du mot juste.
La curiosité et le goût du travail bien fait devraient l’emporter. Mais c’est plus souvent le contraire auquel nous assistons. La vitesse – celle-là même qui « réduit le monde à rien » (Paul Virilio) – est la grande gagnante de ce siècle…
Je conçois que pour certains, cela puisse passer pour de la pinaille ou de l’exigence.
Or, si je souligne ce type de maladresses fréquentes, ce n’est pas pour embêter ni par plaisir. C’est parce que les inconvénients sont bien réels.
Des termes inappropriés peuvent :
- véhiculer une idée fausse et induire en erreur ;
- provoquer quiproquos ou contresens ;
- déclencher des polémiques pour rien = perte de temps ;
- amoindrir les résultats du référencement ;
- accélérer la paupérisation de la langue, donc de la culture.
La rédaction web c’est super chouette, mais méfions-nous du sens des mots.
« Enfin, j’me comprends »
Le b.a.-ba de la communication – et a fortiori de l’information – est de s’exprimer clairement. En perdant le sens des mots, on prend le risque d’ajouter la perte de sens tout court. Le monde est déjà suffisamment déglingué. Si en plus, on écrit n’importe comment…
Il est très important, particulièrement dans les titres, que la formulation emploie les mots justes.
En tant qu’auteur, ce n’est pas parce que, vous comprenez ce que vous voulez dire, que le lecteur lira la même chose… Il n’est pas dans votre tête.
Ceci est d’ailleurs valable pour tous les messages, y compris les emails…