La rédaction manuscrite, ou cursive, finira-t-elle bientôt aux oubliettes ?

La rédaction manuscrite est très ancienne, que ce soit avec un silex, un calame, une plume, un pinceau, un crayon en bois, un stylo à encre, un stylo à bille, une craie ou un feutre…

La digitalisation et les supports qui vont avec ont bouleversé la communication interhumaine en moins de deux décennies. Du jamais vu dans l’univers technologique.

Faisons un peu le point sur la situation afin de pouvoir, peut-être, présumer de l’avenir.

Chacun a sa propre expérience, selon son âge, son apprentissage et ses pratiques : je vous ferai part de la mienne.

L’écriture manuscrite serait-elle à l’agonie ?

Depuis quelques années, de plus en plus d’articles se penchent sur la question :

> Compilation

Les résistants « papier »

  • La carte postale : malgré une chute vertigineuse, elle est encore là, utilisée notamment en vacances.
  • La liste de courses : tout le monde ne la tape pas encore dans son smartphone.
  • Le Post-it : incontournable, indémodable, indécrottable, il reste utile à maintes occasions.
  • Les pancartes dans les manifestations.
  • La carte de Vœux, incluant les étiquettes sur les cadeaux.
    Encore qu’ici, cela dépend des générations et des pratiques. Car aujourd’hui, de nombreuses cartes virtuelles, quel que soit l’événement, sont expédiées en un clic. Ni stylo, ni enveloppe, ni timbre requis, et même pas besoin de sortir pour trouver une boîte aux lettres !
    D’autant que la variété des e-cartes est devenue conséquente, avec animation, avec son, avec vidéo, le tout en pouvant ajouter quelques mots, tapés dans un champ prévu pour. En trois clics, le bonheur. Et surtout, un gain de temps incroyable.

Et les petits mots doux ?

Là encore, force est de constater que le Texto, ou SMS, a tout balayé sur son passage… Les billets doux ont bon dos ! Les émojis envahissent presque tous les échanges digitaux personnels.

Ces signes visuellement plutôt vulgaires, têtes jaunes avec un cœur ou plusieurs, vont donner le ton du message ! Des pictos certes explicites, rapides.

C’est idéal pour les timides, et puis taper ne prend pas une heure… Mais ils sont aussi très réducteurs et tout sauf romantiques.

Bref, le temps de la prose se perd, et avec elle le vocabulaire riche dont la langue française regorge.

Quel que soit le support d’écriture, selon le degré de votre écranisation, la fréquence de rédaction manuscrite est amenée à se réduire, et avec elle certains de vos sens…

Perte de la capacité à réfléchir, à mémoriser et à se concentrer longtemps

Lorsque l’on écrit à la main, on est obligé de se focaliser sur chaque lettre pour former un mot puis une phrase.

Cette « production » est le prolongement d’une pensée mise en forme de manière à être compris. La concentration est totale.

L’écriture est ici un acte véritablement « physique ». Comme l’explique Jean-Luc Velay dans l’article ci-dessous :
« Lors de l’apprentissage de l’écriture manuscrite, nous construisons très tôt ce que l’on appelle une mémoire sensorimotrice, une mémoire du geste d’écriture, spécifique à chaque lettre, chaque mot.« 

« Les erreurs sont moins nombreuses avec l’écriture manuscrite »

Or c’est cette mémoire qui va faciliter l’apprentissage et la qualité d’écriture. Plus vous aurez lu de livres, plus vous aurez écrit à la main, et plus votre vocabulaire sera conséquent avec un risque moindre de faire des fautes ! C’est assez logique au fond.

Lire aussi ce qui se conçoit bien s’écrit clairement…

Le phénomène de concentration s’est perdu avec la frappe rapide sur clavier ou écran à un point qu’on ne peut imaginer. On voit ce que l’on frappe, mais on ne l’intègre plus vraiment dans son esprit.

Sans parler des milliers d’informations, images ou textes, que vos yeux voient défiler chaque jour pour certains. Le multitasking en ligne est également un phénomène à risque inquiétant vis-à-vis des capacités naturelles qu’un être humain possède au départ.

Cerise sur le gâteau (tant qu’à faire) avec cet article : « L’épidémie de myopie chez les jeune – haro sur la techno« .

Le professeur de linguistique et auteur Alain Bentolila se dit inquiet d’un arrêt de l’apprentissage de l’écriture manuscrite, pour la mémoire et la motricité notamment.

Pour l’experte en science du langage Daniele Dumont, il s’agirait même d’une perte de liberté. Lire leurs réflexions dans cet article : « École, ne plus enseigner l’écriture à la main, pour vous c’est...« 

Dans cet autre article daté de septembre 2018, « Le combat du stylo et de l’écran« , une enseignante explique pourquoi l’écriture manuscrite est des plus importantes.

L’équilibre est à trouver entre deux pratiques qui peuvent se compléter, sans que l’écriture digitale ne tue l’écriture manuscrite. À nous de trouver la limite.

MON EXPÉRIENCE

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Un commentaire sur “La rédaction manuscrite, ou cursive, finira-t-elle bientôt aux oubliettes ?

  1. Scribelle écrit :

    Je découvre à l’instant que la date du 23 janvier a été choisie pour être la journée mondiale de l’écriture manuscrite ! Que cela vienne des États-Unis, dans le fait de décréter quelque chose qui débarque ensuite chez nous n’est pas nouveau, mais le sujet lui-même est un peu étonnant venant de leur part, quand on sait que là-bas, la baisse de l’écriture cursive est la plus forte, et que, de toute façon, les écoliers des pays anglo-saxons ont toujours eu l’habitude d’écrire en script.
    https://www.actualitte.com/article/zone-51/battlesignatures-sur-twitter-on-s-envoie-de-fameuses-dedicaces/92966

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