Ce matin, comme tous les matins, mon œil faisait des zigzags sur une page d’actualités. Soudain, dans la colonne de droite, je lis rapidement « La Bourse en appli »…
Plaît-il, quoi, hein, pardon, comment ? Je prends le temps de relire et décode alors « La Bourse en repli ». Ok. Là, je me dis : « Ma fille, il y a un problème». (Je ne parle pas de la Bourse, qui toujours fait le yo-yo.)
À ma connaissance, Je ne suis pas dyslexique. Pourtant lecture en diagonale, valse des syllabes, mimétisme pavlovien, déconcentration, inversion : voilà le résultat après vingt-cinq ans d’Internement, pardon, d’Internet.
Vitesse + infobésité = confusion
Beaucoup de gens lisent un mot pour un autre aujourd’hui car la lecture en diagonale – qui a toujours existé – a pris des allures de sauts de puce dans tous les sens. La vitesse accélérée laisse sur le bas-côté plus d’un mot sur deux.
À force d’offrir à son regard une énorme quantité d’information de façon quasi permanente, on peut effectivement ne plus discerner les lettres et les confondre. Surtout quand il s’agit d’un mot moins usité, alors même que l’on voit passer un peu toujours les mêmes. Le cerveau est en mode « Pavlov ».
Je ne compte plus les fois où je dois répondre par email à la question d’un client dont la réponse se trouvait pourtant dans mon message précédent. « Oh ! pardon, je n’avais pas vu » est ce que j’entends le plus.
L’addiction aux réseaux sociaux tient aujourd’hui une place prépondérante liée à ce phénomène mondial.
Dans cette vidéo Réseaux sociaux : tous accros le message est dit sur un ton badin comme si c’était amusant, ou juste une fatalité. Alors que cet état de fait est non seulement pathétique mais vraiment inquiétant.
D’ailleurs la presse s’en fait énormément l’écho :
- reseaux-sociaux-maladies-technologiquement-transmissibles
- la-methode-scientifique/addictions-numeriques-tous-accros-a-lecran
Vitesse : le temps qui s’échappe
Prendre de la distance ? Certes. Mais lorsque vous avez une activité professionnelle, – a fortiori dans le domaine de la communication –, il est plus que recommandé d’entretenir sa visibilité, ses réseaux, etc.
Une occupation qui vous demande d’être disponible, c’est-à-dire non pas libre, mais prêt à vous plonger dans une animation quotidienne des plus chronophages.
À force de devoir répondre à chaque email, à chaque tweet, à chaque notification intempestive, on passe sa journée le nez sur un écran, quel que soit son format.
Accro à l’écran ? Je le suis comme presque tout le monde, forcément. Mais si je suis « accrochée », c’est uniquement dans le cadre de mon travail. Sachant que si je partais deux jours en bateau, sans rien, je ne deviendrais pas hystérique.
Il s’agit donc d’arriver à prendre du recul et de repousser le syndrome du fameux FOMO (la peur de manquer… une info par exemple). La Terre continue de tourner, rassurez-vous.
Concentration : où sont passés les neurones ?
Vos neurones logent toujours dans votre cerveau. Ouf. Simplement, il existe un phénomène de saturation cognitive, quand le cerveau se trouve en surcharge. Et là, bonjour la contre-productivité ! Lire à ce sujet cet article intéressant :
https://www.cairn.info/revue-l-expansion-management-review-2014-1-page-110.htm#
La saturation provoque la confusion, qui elle-même peut potentiellement aboutir à des qui-proquos. Et la résolution de ces derniers faire perdre du temps à tout le monde, ce qui apparaît contradictoire avec le rôle même des ces outils technologiques, censés nous aider à échanger facilement et rapidement !
Lever le pied ou rester enchaînés
La question écranique est vaste. Elle ne concerne pas seulement la communication inter humaine, dans un contexte professionnel ou pas, via des supports et applications rapides. Elle concerne également le temps passé devant un écran à regarder des séries pour son plaisir. Bien sûr que c’est tentant et agréable, mais là encore, l’écran est incontournable et finit de nous enchaîner.
Peut-il y avoir un juste équilibre, peut-on l’appliquer sans retomber dans l’addiction ? L’équilibre entre lever le pied de nos connections ou continuer d’être prisonniers de ces dernières, voilà bien le dilemne infernal de ces dernières décennies « entechées » comme je les appelle. La technologie ayant pris le pas sur le reste des aspects qui constituent une vie.
Trouver la limite à ne pas franchir pour éviter de tomber dans l’addiction est le défi. Comble de l’absurde, le plus ubuesque de la situation sur ce plan est illustré depuis quelques années par ces « stages » ou « semaines » de déconnection.
Une sorte de cure – surnommée « digital detox » (sic) – où la maladie écranique doit se soigner pour anticiper un burn-out, ou se reposer après sa survenance, afin d’espérer redevenir humain parmi les humains.
Se déconnecter, est-ce possible ? En tout cas, c’est plus que souhaitable…
> Mon expérience en passant : « Se « décraniser pour mieux réfléchir.