Contenu : du snack sur le pouce au bout du pouce

Le snack content, ce contenu court qui se lit vite, s’est imposé partout. Avec moins de 300 mots au compteur, ces teasings s’avèrent pratiques. Ils se complaisent d’ailleurs sur les réseaux sociaux, les médias en ligne les plus adaptés, les supports comme les smartphones.

Facile à « avaler », ces mini-contenus reposent énormément sur du visuel. Et cela tombe bien puisqu’en termes de contenu, le maître-mot (le maître-verbe plutôt) de la plupart des responsables marketing est : produire, produire, produire !

La notion de quantité caractérise donc ce phénomène : pour espérer être vu, voire lu, et apprécié, dans cette infobésité d’images (que j’appelle imagobésité), de textes et de sons, faut-il matraquer à tout-va, peu importe qu’il y ait du déchet ? Ou bien se servir de cette forme courte uniquement quand c’est nécessaire ?

Si vous connaissez mon blog, vous vous doutez que je suis à mille lieux de cet état d’esprit. Vous savez que je préfère les contenus longs, utiles, avec du SENS, qui permettent parfois modestement une réflexion sur la durée.

Alors que le « snack content » ou micro-contenu s’apparente aux mouchoirs jetables. Cela divertit très éphémèrement en captant l’attention quelques minutes. Mais attention à l’indigestion…

Ces tonnes de snack content qui engorgent l’Internet me font penser à cette mer de déchets plastique que l’on appelle le sixième continent…

Certes, cette technique sert le marketing immédiat, ciblé. Et une belle image accompagnée d’un micro-contenu avec des accroches peut s’avérer utile dans le cadre de campagnes emailing par exemple.

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Rédaction de collations

L’utilisation de « collations » marketing est une forme de saupoudrage dans une stratégie digitale inscrite dans la durée et ne doit pas être systématique. C’est le sucre glace qui attire l’œil sur le dôme d’un gâteau.

Il est considéré comme un teaser pour se faire remarquer, une sorte d’asticot au bout d’une canne dans les règles de l’art de l’hameçonnage pour attirer l’attention à soi.
Il peut aussi faire office de résumé.

Un snack content peut prendre également la forme d’un podcast – entre 1 et 3 minutes – et diffusé régulièrement.

Ou bien carrément une petite vidéo, bien qu’ici, un film ou une animation de 1 min 30 ou plus, peut représenter un coût budgétaire et demande à être extrêmement utile et qualitatif pour espérer des retours.

Mais en aucun cas et par définition, on ne peut considérer ces snacks comment du contenu durable.
> Voir ma notion de SOC.

Certains articles sur le sujet titrent « à grignoter sans modération ». Je ne suis pas d’accord avec ce point de vue ; la modération est importante. Comme pour tout, les excès ne sont pas nos amis. Des limites s’imposent.

Déjà, inutile d’espérer trouver une quelconque valeur ajoutée en termes d’information. Ici on ne rentre pas dans le détail, on fait dans le « bonbon », dans l’habit d’apparat. Le sérieux et la réflexion sont réservés aux vrais contenus.

Si l’approche est intéressante, elle trouve ses limites dans le fait qu’il ne faut pas en abuser. Toute overdose est contre-productive et toujours un risque pour une marque qui veut renvoyer une belle image.

Un dosage subtil de ce type de contenu peut intégrer une partie d’une stratégie digitale, mais ce n’est pas une fin (faim) en soi.

 

Une pollution prise à son propre jeu

Par ailleurs, à force de remplir Internet de contenus futiles et non durables, que l’on ne vienne pas déplorer une planète en difficulté écologique. Car autant les déchets plastiques polluent terres et océans, autant les contenus « snack » génèrent du jetable à qui mieux mieux, vite lu, vite oublié, laissant une trace polluante sur la toile.

Ces données – dont bien peu finalement sont déterminantes et sérieuses – viennent s’ajouter au traitement par les data centers, lesquels sont encore loin de pouvoir se qualifier de « green ».

Le serpent se mord la queue dans un vortex abrutissant (voire débilisant) dont le but principal est toujours la consommation immédiate, incessante, bien que celle-ci soit aujourd’hui enfin montrée du doigt du fait des limites d’un système…
Car on le sait, l’activité numérique utilise beaucoup d’énergie.*

Exister en ligne est un objectif louable évidemment, mais remplir pour remplir n’apporte pas tant d’intérêt que cela au final. Je ne dis pas que cette pratique est un gadget (encore que…). Simplement, ceux qui s’y emploient, devraient peut-être davantage la pratiquer à bon escient.

 

La limite du grignotage

Sa vocation est de divertir, de capter au vol quelques internautes, mais il lui sera plus difficile d’être porteur d’une information utile, et de fidéliser.

Un contenu court n’est donc qu’un outil complémentaire.

Si vous décidez de beaucoup l’utiliser, attention à ce que son fond, sa forme, et sa présentation soient cohérents.

La qualité d’un contenu reste et restera toujours au cœur de la démarche.

Sachant qu’il est aujourd’hui extrêmement ardu de capter l’attention, malgré tous les efforts appliqués à la lettre. L’inattention due à l’hyperconnexion obèse, déclenche des comportements de consommation dignes des accrocs au sucre ou au jeu. Et le proverbe « un clou chasse l’autre » est plus que jamais d’actualité.

Qui aujourd’hui est capable de lister les buzz, les infos virales qui ont débarqué il y a un an ? Le problème de la mémoire fait partie inhérente du problème de l’infobésité. Franchement, qui se souvient de la story de l’avant-veille vue sur Facebook ?
Sachant que tous ces micro-contenus, comme dans l’appli tiktok aujourd’hui, disparaissent en un éclair. Éphémères.

Très peu d’informations survivent. Nous nous trouvons dans un contexte de « consommation » à très court terme. Il faut en être conscient. Miser sur du long terme pour construire, installer et pérenniser son image est moins risqué, plus raisonnable et plus sûr.

 

« Modération » cantabile

Maintenant, il n’est pas question de diviser pour mieux régner, d’opposer le contenu long au contenu court, ou encore un contenu lent (slow content) utile et qualitatif à un contenu rapide, éphémère et futile.
Encore moins d’assimiler uniquement le premier à la qualité et le second à la quantité !
Cela n’a rien à voir.
C’est le fond, la nature de celui-ci et son traitement qui vont faire la différence, quel que soit le nombre de mots et le support.

Quelle est sa réèlle UTILITÉ pour une cible ?

Le « snack » est à l’image des réseaux sociaux, volatil. Pour positionner son activité durablement, un blog étoffé, pour peu qu’il aborde des sujets intéressants, continuera de toucher le quêteur à la recherche d’info, de réflexion.

C’est vraiment une question de choix, de cibles et d’objectif : comment conjuguer ses façons de communiquer avec le but de tout commerce dont la plupart des acteurs n’ont souvent en tête que le profit immédiat par tous les moyens, y compris le putaclic ?

La notion de QUALITÉ doit absolument primer !

Voir aussi l’avis d’Olivier Cimelière sur son blog du communication.

Lire aussi le-slow-content-une-solution-plus-forte-que-le-snack-content-pour-engager-la-jeune-generation.

En enfin celui des éclaireurs de la com : strategie-de-contenus-la-fausse-promesse-du-court-a-tout-prix


* 10 et 15  % de la consommation électrique mondiale. En doublant ce taux de consommation tous les quatre ans, dans dix ans, le numérique pourrait être le secteur consommant le plus d’électricité…
infographie-pollution-numerique-du-clic-au-declic
ecologie-quand-les-gamers-sinterrogent-sur-lavenir-des-jeux-videos
ecologie-et-sobriete-digitale/

 

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