Après une pause, due à un acronyme – mais promis, je ne vous prendrai pas la tête là-dessus1La Covid-19 ou Covid19 est un acronyme anglais pour coronavirus disease 2019. (Un faux acronyme donc, pour un vrai « Sras » en revanche).–, me voici de retour avec une petite réflexion qui m’amuse davantage qu’elle ne me laisse perplexe.
Abréviation, sigle ou acronyme ?
Commençons par raffraîchir nos mémoires :
L’abréviation, ou abrégé, est une utilisation différente des deux autres ; elle permet de raccourcir un mot ou un groupe de mots.
On supprime généralement les dernières lettres : Trimestre = trim. / Édition = éd. / Collection = coll.
On n’oubliera pas de mettre un point à la fin de la dernière lettre, qu’on appelle d’ailleurs point abréviatif...
Et si l’on termine une phrase par une abréviation – comme c’est souvent le cas avec etc. –, évidemment on n’ajoutera pas de point final, au risque de faire doublon. Le point abréviatif sert alors de point final.
Mais attention ! uniquement dans ce cas : tout autre ponctuation viendra se placer après.
En savoir plus sur la ponctuation.
De même, pour une abréviation à la fin d’une parenthèse qui termine une phrase, vous mettrez un point final après la parenthèse. Excepté dans le cas d’une phrase entièrement entre parenthèses, où le point final est alors à l’intérieur.
Si c’est une abréviation qui termine la phrase entièrement entre parenthèses, le point abréviatif servira de point final…
Le sigle et l’acronyme font partie de la même famille de sigles. La différence est simple :
Le sigle est formé d’initiales > AVC, BNF, BTP, CCI, CQFD, HLM, OGM, PDG, PTT, SMS, SNCF, SVP…
L’acronyme est formé également d’initiales, mais ses lettres permettent qu’on le prononce comme un mot > Amap, Cedex, Dom-Tom, Urssaf…
Vous remarquerez que les acronymes courants ne s’écrivent plus forcément en capitales.
Quoi qu’il en soit, ces subtilités qualifient des lettres alignées en rang d’oignons dont chacune représente l’initiale d’un mot.
Du moins, au départ, car il existe des sigles ou des acronymes qui utilisent une ou plusieurs syllabes, de manière à ce que le mot reste prononçable. Je les appelle des « faux acronymes ». La liberté est assez grande dans ce domaine.
Le véritable acronyme, lui, aligne les premières lettres et se présente comme un vrai mot prononçable, devenant même très souvent un nom commun : le plus célèbre d’entre eux étant ovni (objet volant non identifié).
On a également cac, sida, smic… dont l’orthographe de ces noms devenus communs a donc perdu la majuscule.
Il existe même des générateurs d’acronymes (mais que n’existe-t-il pas aujourd’hui ?) :
https://www.dcode.fr/generateur-acronyme
Les sigles, des anonymes parfois peu pratiques
Je ne mets pas de points entre les lettres. C’est un choix. La tradition qui a parfois du bon – et je suis pourtant à cheval sur certaines règles –, se voit ici dépassée par une simplification vers des sigles sans points, ni accents d’ailleurs. Comme quoi, je suis parvenue à mettre de l’eau dans mon vin.
Mais points ou pas, un sigle est un peu le bâtard de la famille des mots. Comme c’est une réduction de plusieurs mots informatifs, et en dehors de certains acronymes acceptés par le dictionnaire comme nom commun, c’est une création qui reste absconse, un « non-mot ».
Quand vous l’entendez pour la première fois, il n’a aucun sens, et vous pouvez tout imaginer. En effet, un sigle est utile seulement si sa définition est connue d’un maximum de gens concernés.
Contrairement à ce que l’on croit, il n’est pas plus pratique de parler avec beaucoup de sigles pour se faire comprendre.
La difficulté est de composer avec des sigles qui se ressemblent mais qui cachent des activités ou des concepts très éloignés, et parfois incongrus.
Prenons l’exemple d’un sigle de trois simples lettres : APC
APC est effectivement très utilisé dans plein de domaines et d’univers ! Ainsi j’ai trouvé, en français (par ordre alphabétique) :
- Activités pédagogiques complémentaires
- Agence postale communale (quand il en reste…)
- Approche par compétences (un concept, on vous dit)
- Association de prévoyance collective
- Association de protection civile (utile)
- Atelier de production et de création (l’incontournable)
- Association de promotion du cyclisme (en Aveyron. Sportif !)
- Association des parents du Coudray (il en faut)
- Association des pilotes de chasse (ça en jette !)
- Association des producteurs de cinéma (à soutenir)
- Association des professionnels du chauffage (ça peut servir en hiver)
- Association des professionnels cimentiers (eh, les maisons en paille, vous connaissez ?)
- Association du pays compiégnois (pas facile à prononcer)
- Association les professionnels du catch (outch !)
- Association Peschadoire Convivialité (hyper locale)
- Association photo ciné (à l’Isle Adam, mais il doit y en avoir un peu partout)
- Association pommes cannelle (du care à soutenir)
- Association pongiste courchelletoise (le club de ping-pong local quoi)
- Association pour la protection de Chambray
- Association pour le progrès des communications
- Association pugiliste catalane (si, si, ça existe)
À noter qu’en français, derrière un sigle débutant par un A, il y a une majorité d' »Associations ».
(Je vous épargne la liste en anglais…).
Goody : APC est aussi le nom d’un village hongrois (ne me demandez pas de le prononcer).
On se rend compte que les innombrables sigles qui nous encombrent la vie sont obligés d’être expliqués à un moment ou à un autre, définis en entier pour une meilleure compréhension.
Le pire réside dans les sigles et autres acronymes créés comme concepts souvent vides de sens qui décorent les secteurs du marketing, de la communication et de la publicité d’un vocabulaire d’une complexité masochiste sinon ridicule.
À propos de complexité, mon sigle préféré parmi les APC est évidemment l’Association pour la Pensée Complexe, de notre ami Edgar Morin : intelligence-complexite.org/
Outil utile : marche-public.fr/Marches-publics/Definitions/Marches-publics-Sigles
Comme disait Sempé non sans humour :
« RIEN N’EST SIMPLE, TOUT SE COMPLIQUE »