Je pense que ChatGPT ou tout autre intelligence artificielle générative n’est pas la panacée quand on veut du contenu de qualité, par exemple pour nourrir son blog. Pourquoi ?
Même si les dernières versions d’IA en la matière répondent à des demandes basiques, qui défient le temps, utiliser ChatGPT ou un autre logiciel (il y en a des centaines) pour produire du contenu, peut avoir un effet négatif sur le long terme.
En effet, un blog professionnel est le reflet de votre activité. Selon l’orientation éditoriale que vous aurez choisie au départ concernant le contenu, le plus souvent sous forme d’articles, le visiteur-lecteur s’attend à vous lire. J’ai bien écrit à VOUS lire…
Décrire son métier, son savoir-faire… apporter sa réflexion, c’est partager sa propre expérience ! Aucune machine n’a vécu ni ressenti à votre place tout ce que vous avez engrangé comme connaissance, expérimenté, encore moins votre point de vue sur tel ou tel aspect de votre activité.
Avant d’aller plus loin, rappelons quand même qu’il existe plusieurs catégories « d’intelligence artificielle » : les IA existent depuis longtemps, les premiers travaux remontant aux années 40-50. Elles sont utiles lorsqu’elles sont par exemple prédictives (encore que parfois…) ou bien analytiques ; en médecine, elle peut fortement aider. Ce sont des IA dites classiques.
Plus récentes, les IA dites génératives (ou GenIA) étant les plus répandues dans le public puisqu’elles sont proposées comme une aide à la création de données, de contenu, y compris des images, des « photos », des dessins, des vidéos, du son (voix ou musique), de la traduction, des plannings, des graphiques, etc. et même du code ! Et ce, en retour d’une demande qu’un humain lui aura formulée (ce que l’on nomme un « prompt »).
J’ai plutôt envie de parler de production ici plutôt que de véritable création… C’est d’ailleurs bien la grande différence. Et si l’on n’y prend pas garde, notre imagination pourrait bien être amoindrie par ces nouvelles habitudes basées sur l’automatisme.
Dans tous les cas de figure, on ne peut parler de « réflexion ». Les IA génératives fonctionnent sur un mouvement algorithmique, un jeu de données cumulées, d’idées et de phrases par millions, puisant dans des textes déjà écrits… Les réponses arrivant parce que des humains derrière des écrans ont au départ insufflé ce qu’il fallait et programmé un logiciel pour fournir rapidement un résultat.
Ajoutées à cela, les données que nous lui apportons nous-mêmes lorsque nous corrigeons ou précisions quelque chose dans nos réponses au cours d’une « conversation » avec une IA… Autant d’indices qu’elle va aussitôt stocker en mémoire. C’est pourquoi on la qualifie de machine learning (apprentissage automatique).
Des milliards d’informations vite atteintes. Oui, ça donne le tournis. Oui, une IA peut aider à faciliter un travail humain. Mais attention aux limites. Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte. Mais d’abord, voyons comment ça marche :
Comment fonctionne une intelligence artificielle
Je suis d’accord avec l’article que je mets en lien ci-dessous, sauf peut-être dans le titre où le mot « technologie révolutionnaire » apparaît. Enfin disons que je ne lui donne pas le même sens… La « révolution » que cela apporte et va apporter, hélas, est surtout la disparition progressive de l’imagination, de la réflexion, de la capacité qu’auront les nouvelles générations à penser par elle-même, voire à rédiger. (Quant à une technologie « révolutionnaire », je pencherai davantage pour celle de la blockchain.)
Je vous mets le lien ici : limites-importantes-intelligence-artificielle/
Donc pour ne pas répéter ce qui est écrit dans l’article du lien ci-dessus, ni encore moins le copier, j’ajouterai le fruit de mon INA (intelligence non artificielle) ! 😉
En effet, la plupart des réponses demandent une vérification sur la forme, car même si ces machines s’améliorent de mois en mois, il reste souvent des fautes (grammaire, syntaxe) ; mais également sur le fond !
Ainsi, lorsqu’une parente a voulu savoir ce que ChatGPT allait générer au sujet de la biographie de son oncle, nous avons pu constater une date de naissance erronée (à quelques années près). Nous l’avons donc corrigé en lui indiquant la bonne date, qu’il a enregistrée j’imagine une fois pour toute. Cela questionne donc sur les sources de ces systèmes informatiques. Et oblige à faire vérifier par un humain, quasi systématiquement.
Cela vous prendra forcément du temps de toute façon ou quelques euros de plus si vous faites sous-traiter cette vérification nécessaire. Ce qui revient au même que de demander directement à un professionnel de rédiger un article de blog – dont vous serez sûr au moins de sa qualité.
Si c’est une machine qui fait le boulot à votre place (rédaction non humaine), quelle crédibilité aurez-vous vis-à-vis de vos clients ? On détecte facilement aujourd’hui les contenus générés ou en partie générés par une IA (https://gptzero.me/). Quant aux images, chacun voit midi à sa porte. Maintenant, rien ne vous empêche d’utiliser une IA qui génère une image, que cela se voit ou pas (et cela se voit)… après tout, c’est votre droit de préférer une photo froide, sans âme ; à condition de le mentionner, histoire de garder une honnêteté envers vos lecteurs.
Enfin, depuis toujours, l’art de la communication – et on l’entend à longueur de temps, en marketing-publicité –, est de se démarquer ! Autrement dit pour se distinguer, il s’agit de faire montre de personnalité… Or le fait de se singulariser ne peut pas être obtenu en passant par une machine qui pond des paragraphes tout faits, standardisés, au point de retrouver les mêmes similitudes partout, du point de vue de la construction et/ou de la formulation. Sans aucune nuance qui viendrait signaler au lecteur une démarche professionnelle originale, lui apporter un peu de peps, de rêve, de réflexion, de rassurance aussi… au travers d’une communication inter humaine.
Conclusion
L’expression française « il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain » est-elle appropriée ici ? Il est indéniable qu’une intelligence artificielle générative peut aider à produire un contenu. Par exemple, ces algorithmes peuvent servir :
1. à gagner du temps. Bien que la formule « gagner du temps » soit incorrecte, on n’en gagne pas, mais on n’en perd pas – la nuance (que ne peut pas souligner une IA) est la même que pour la formule entendue quotidiennement « gagner de l’argent » au lieu de « économiser de l’argent ».
2. à optimiser son SEO – encore que pour le référencement, il semble que Google n’en fasse qu’à sa tête et mette en avant des contenus de faible qualité…
Exemple : « L’intelligence artificielle générative, avec sa capacité à créer du contenu en grandes quantités, est devenue un acteur clé dans la détérioration des résultats de recherche Google. Cette technologie, conçue pour générer automatiquement des textes, des images et d’autres formes de contenu, s’est avérée être un outil à double tranchant. » …
Lire la suite sur https://trustmyscience.com/degradation-fiabilite-moteur-recherche-google-cause-ia/
Il peut donc être intéressant de s’accompagner d’un tel outil, à condition toutefois :
– de se payer les versions premium pour plus d’efficacité… ce qui aboutit, par mois ou par an, à un vrai budget à partir du moment où vous cumulez les abonnements pour une IA de génération d’image, une autre pour du texte, une autre pour du son, une autre encore pour une tâche spécifique (de gestion de données par exemple).
Bref, le « gain » de temps peut s’avérer salé.
Nonobstant le fait qu’il faille vérifier. Quant à ajouter des liens, par recoupement parce que notre esprit aura effectué une association d’idées, de par notre propre culture, la machine peut aller se rhabiller !
> de savoir exactement ce que l’on veut comme contenu, et donc de fournir à la machine (de formuler) le meilleur prompt possible, explicatif, détaillé.
> de relire, corriger, modifier si besoin, et tester le SEO.
Bref, ce n’est pas la panacée au point de s’asseoir sur son canapé les mains dans les poches, à moins bien sûr, que l’on se contente d’une production minimum, standardisée, voire déjà copiée ailleurs. La qualité ressort rarement d’une démarche automatisée…
> de vérifier si votre sujet n’a pas été traité de la même manière ailleurs, sur un blog dont le propriétaire aurait également recouru à une IA générative, donc avec potentiellement le même type de réponse, de construction, voire les mêmes phrases. Ce qui n’aurait aucun intérêt. Car c’est là aussi où le bât blesse (sur la créativité dont je parlais plus haut) : les textes générés en réponse à un prompt risquent de tous se ressembler…
Puisque les algorithmes sont programmés pour aller chercher et recouper les infos dans l’énoooooorme stock de données engrangées et mémorisées, rien ne passe par votre cerveau, rien d’original s’entend. La machine en retire un mixte le plus proche de la demande, en formulant des phrases standardisées. Certes, cela paraît bluffant, mais c’est surtout la vitesse qu’il l’est, pas forcément le résultat.
Utiliser une IA pour du contenu de qualité ? Un cheminement en commun (humain et IA), pourquoi pas, mais attention à rester vigilant. D’autant que vous passez tout de même du temps à relire derrière pour vérifier. Ce n’est donc pas une révolution, tout au plus une aide qui allège un peu des tâches, en les optimisant dans un temps court.
Quant à un rapport économique plus intéressant par rapport au travail d’un humain, des études émettent des doutes :
https://www.01net.com/actualites/ia-et-emploi-est-ce-rentable-de-remplacer-un-etre-humain-ordinateur.html
Pour écrire ce petit article, je n’ai pas eu recours à une IA, parce que je me sens suffisamment apte intellectuellement à le faire, et surtout, j’aime maîtriser ce que je raconte, en apportant mon expérience, ma réflexion propre, mon style, mon humour parfois, mon humeur, bref, un écrit tourné de manière vivante. Avec je pense ce qui caractérise tous mes écrits depuis toujours : mon propre style.
Certes, je passe plusieurs heures à le faire. Cela me prend du temps. Je pense que cela fait partie du respect que je dois à mes lecteurs – ceci entrant dans ma propre vision des choses bien sûr, en matière d’éthique et de minimum d’effort à fournir, pour exprimer le fruit de ma réflexion issue de ma longue expérience. Réfléchir peut aussi être un plaisir, avec celui de partager. C’est une véritable sensation de liberté que de choisir ce que l’on va dire, l’ordre dans lequel on va l’amener, et d’avoir la satisfaction d’écrire sa phrase en choisissant les mots ! Bref, de penser…
Ayant l’envie d’apporter à mes lecteurs un éclairage original et non pas quelque chose de froid ni de déjà vu. Encore moins de la « junk food» dont le seul but est le graal SEO, ou bien du réchauffé ; voire pire, du copié-collé.
Je ne souhaite pas devenir un(e) promptiste ! Que faites-vous dans la vie ? Je suis promptiste, comme on dirait je suis souffleur de vers, pardon, de verre. 😉
Mon avis se situe dans un contexte de partager un blog professionnel. Pour le reste, j’utilise parfois une IA générative, uniquement si je n’ai pas le temps de rédiger un courrier administratif. La machine va alors produire un texte standard auquel je vais peut-être ajouter ou modifier des données. Nous sommes d’accord que cette utilisation n’est pas de même nature que celle dont l’objectif est d’informer utilement via un blog.
De plus, un blog professionnel qui se distingue par sa personnalité demande un travail sur la durée, des articles de fond, une certaine cohérence, y compris dans la présentation. Un style en somme. Ah ! il est certain que cela prend du temps. La notion de vitesse étant au cœur de l’enjeu de ces IA, davantage que la qualité de leurs réponses.
P.-S. : après avoir rédigé mon article, j’ai cédé à la tentation, par curiosité, en demandant à ChatGPT une réponse sur le même sujet (je lui ai posé la question de mon titre, en précisant pour des articles de blog). La machine ne s’est pas froissée puisqu’elle n’a pas d’émotion, mais au moins, a eu une réponse honnête (et une seule faute trouvée), qui finalement corrobore ce que je pense et écris, et qui réconforte un peu :
Je vous invite également à lire : « le promptisme généralisé », qui est le premier paragraphe du chapitre « Le tournant génératif de l’intelligence artificielle », page 139 du livre La vie spectrale, penser l’ère du métavers et des IA génératives, de Éric Sadin, aux éditions Grasset, paru en octobre 2023.
Un petit avant-goût en interview (audio sur RTS)
Quelques pistes pour vous forger votre opinion :
ChatGPT est-il devenu moins intelligent ?
L’intelligence artificielle passée au crible
Image d’en-tête par Gerd Altmann, via Pixabay.
D’accord avec toi sur le point de vue de la qualité ! Le problème du droit d’auteur est également important : les IA s’inspirent forcément de l’existant, et du travail de quelqu’un d’autre, sans rien créer elle-même. Juridiquement, cela me paraît difficilement surmontable…